01 octobre 2006

Fontainebleau continue à grignoter la forêt



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octobre 2006
                
 


Seine-et-Marne
Fontainebleau continue à grignoter la forêt

Située dans une clairière du massif domanial l'agglomération Fontainebleau- Avon a régulièrement grignoté la forêt : installations sportives sous convention d'occupation théoriquement précaire, construction d'un lycée-collège, d'une école de management et d'un IUT, construit illégalement. A chaque opération, échange de terrains : des parcelles boisées privées en lisière extérieure de forêt venant compenser au décuple les parcelles livrées à la construction en lisière interne. Si la forêt domaniale s'est ainsi agrandie, le massif forestier, s'est trouvé amputé à chaque fois.

Au sud de l'agglomération de Fontainebleau une caserne jouxte le parc du Château. Depuis la dernière guerre elle a été agrandie de plus de 50 hectares attribués sans contrepartie à l'OTAN puis à l'Ecole interarmées des sports et au Centre des archives contemporaines. De plus une parcelle forestière voisine de 14 ha, a été prêtée par le ministère de l'Agriculture au ministère de la Guerre en 1891. Le décret signé par le Président Carnot fait référence à un accord entre les ministères disant "qu’en cas d'abandon de tout ou parties des surfaces affectées, le terrain fera retour de plein droit à l'administration forestière, ... le reboisement en sera exécuté par les soins du service forestier aux frais du département de la Guerre". Depuis, une petite partie en a été attribuée définitivement à l'Armée en 1935 pour y construire des logements, actuellement propriété d'une société d'HLM. Mais, qu'advient-il du reste dont le ministère de la Défense n'a plus besoin ? Une partie, désaffectée en 2001, contient un hangar utilisé comme salle de spectacles par la ville de Fontainebleau pendant la réfection du théâtre municipal, et, une seconde halle fermée, que la ville veut utiliser pour ses ateliers techniques. La curiosité est que la ville paie un loyer à l'Armée, qui n'en est légalement plus propriétaire !

Spéculation immobilière
La seconde partie, la plus vaste, sur laquelle sont bâtis des hangars ouverts, est celle qui fait le plus parler d'elle. Depuis 1999, l'Armée veut la vendre à la Communauté de communes : à cette époque, l'utilisation envisagée était une pépinière d'entreprises. Il a fallu six ans à l'Armée pour admettre qu'elle n'était pas propriétaire, en vertu du décret Carnot. Qu'à cela ne tienne, le préfet a signé le 3 mai 2006 un arrêté qui affecte ces terrains au ministère de la Défense (qui n'en a pas besoin, si ce n'est pour renflouer ses caisses en les vendant ! ) et affecte au ministère de l'agriculture d'anciens terrains de manœuvres, dont l'armée n'a plus besoin, situés dans la forêt des Trois pignons). Il s'agit d'un échange ... de pure spéculation immobilière, qu'on essaie d'habiller d'intérêt général en faisant miroiter le projet de construction d'un hôpital.
Situé au nord de l'agglomération, facile d'accès, l'hôpital actuel y est voisin d'une polyclinique privée, qui envisage un partenariat public-privé, ainsi que de nombre d'installations à vocation sanitaire et sociale (IRM, maisons de retraite, etc.), et ... voisin aussi de deux anciennes casernes désaffectées par le ministère de la Défense et qui se prêteraient parfaitement à la restructuration de l'hôpital. Mais l'Armée veut vendre ses terrains au prix fort. La ministre s'est même engagée à financer l'étude d'urbanisme qui aboutira à obtenir la meilleure rentabilité (sans annoncer officiellement que ce ne peut être que des logements haut de gamme). Le maire de Fontainebleau est sur la même ligne : seule la parcelle forestière convient, selon lui, pour reconstruire (sur fonds privés) le futur hôpital qui comprendra une partie publique et une partie privée, attribuée à l'actuelle polyclinique. Honni soit qui mal y pense !
Les associations qui se battent pour l'application stricte du décret Carnot sont qualifiées de ringardes. Elles ont pourtant déjà obtenu que l'administration prenne en compte ce décret. L'arrêté du 3 mai 2006 est une façon de le contourner. A nous de prouver qu'il est illégal, et attentatoire au site du château et à son écrin forestier.

Jean Vuaillat,
Secrétaire général,
Comité de Défense, d'Action et de Sauvegarde d'Avon,
CDAS Avon,
rue du Vieux Rû, boîte 18,
77210 Avon.
Tél. : 01 60 71 18 49.